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Paroles d'Alumni

Carrière

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07/01/2021

"On dit souvent que « voir de la lumière » est signe d’indécision.  Personnellement, en revenant sur mon parcours, j’ai plus l’impression que c’est une manière de rester ouvert et curieux aux opportunités qui nous sont proposées."



Interview  de Chloe Connan PhD, Alumni de l’Institut Pasteur, Project Manager Officer (PMO) chez MetaGenoPolis (MGP)


Contrairement à ce que l’on conseille, notamment dans les métiers de la recherche clinique, « il faut savoir ce que l’on veut faire, se poser les bonnes questions dès le début », or Chloé n’a jamais su ce qu’elle voulait faire, mais savait ce qu’elle ne voulait pas faire ! je ne ferai jamais de thèse, de post doc, ni travaillerai dans le conseil, et encore moins dans la pharma. Mais les opportunités qui se sont offertes à elle, «et oui, j’ai beaucoup vu de lumières », ont quelque peu bousculé ses convictions et l’ont amenée à saisir sa chance.


Chloé, quel a été ton parcours et les points clés pour parvenir à ta position d’aujourd‘hui ?

Si ce n’est un petit détour en école d’ostéopathie, j’ai un parcours universitaire assez classique finalement. A la fin de mon master en écologie microbienne à Lyon, j’ai cherché un stage de M1 à l’Institut Pasteur, sur les conseils d’une amie y faisant sa thèse. J’y ai rencontré Michel Popoff, qui m’a proposé de réaliser mon stage dans son laboratoire, à condition que je reste pour le M2 et la thèse également. Ce fut la première « lumière »  et opportunité que je saisis, alors que je projetais de réaliser un master pro. Mais, c’est l’environnement stimulant que proposait l’Institut Pasteur et les encouragements de mon PI qui m’ont conduit à ce choix.


Après ma thèse, j’étais bien décidée à ne pas réaliser de post doc et je me suis mise à chercher des postes en biotechnologie, et en pharma principalement en start up, compte tenu de mon sujet de thèse (production et entrée des toxines botuliques dans l’intestin) en lien étroit avec une application pharmaceutique. Mais une rencontre fortuite, entre 2 plateaux repas à la cantine, m’a fait entrevoir une seconde lumière. Ce jour-là, j’y ai rencontré Alice Lebreton, qui m’expliquait alors ses démarches en cours pour le montage de son labo à l’IBENS (Institut de Biologie de l’ENS) et qui cherchait un post doc pour la rejoindre. Forte de mes convictions, je lui disais que cela ne m’intéressait pas de réaliser un post doc et qui plus est, je n’avais aucune compétence pour son sujet d’intérêt, à savoir la transcriptomique chez les eucaryotes. Pourtant, j’ai vu la possibilité d’apprendre de nouvelles choses, scientifiquement parlant, et de participer au montage d’un laboratoire. Bien que je n’avais aucune compétence sur la thématique, ce domaine avait « attisé ma curiosité » et le PI était prêt à faire confiance à mon input. 

je n'avais aucune compétence sur la thématique, ... le PI était prêt à faire confiance à mon input

Contrairement à beaucoup de personnes de mon entourage, je n’ai pas quitté la paillasse parce que j’avais plus d’affinité avec les expériences, mais il y avait comme une boite noire autour des projets que je voulais comprendre pour avoir une vision plus intégrée et globale d’un projet de recherche. Que se passe-t-il en amont des projets ? Comment priorise-t-on les projets ? comment obtient-on les financements ? comment valorise-t-on les résultats d’un point de vue appliquée ? Je me suis alors renseignée auprès des centres de valorisation, des SATT et récolté beaucoup d’avis. Et à force d’en parler autour de moi, un ami rencontré durant l’organisation du Forum Biotechno et travaillant dans le conseil en financement de l’innovation, m’a fait changer mon à priori négatif sur le conseil et m’a fait entrevoir, encore une fois une lumière . 

Un poste était ouvert dans son cabinet de conseil en financement de l’innovation, en ingénierie fiscale et Crédit Impôt Recherche, secteur en pleine activité. Je postulais et ai été recrutée en tant que consultant Financement de la R&D chez F. Iniciativas (FI), cabinet international spécialiste de la performance et du financement de l’innovation. J’ai pu voir l’envers du décor, un monde extrêmement régulé et nécessitant beaucoup de rigueur et cela m’a ouvert les horizons de la valorisation dans beaucoup de domaines avec la question : que peut-on valoriser et comment ? En plus de développer un fort esprit créatif, j’ai pu évoluer dans une entreprise extrêmement « procédurée » et comprendre les codes de l’entreprise.


Mais mon travail est devenu rapidement trop spécifique et surtout trop éloigné de la recherche. Je repris donc mes recherches en biotech et pharma mais je trouvais systématiquement porte close avec comme argument mon absence d’expérience en pharma ou en CRO (Contract Research Organization). De nouveau, en discutant avec mon réseau, un ami m’a parlé d’un poste de valorisation était ouvert dans sa CRO et qu’il cherchait quelqu’un ayant des compétences scientifiques et en crédit impôt recherche. Je lui ai précisé que je n’avais pas de compétences en recherche clinique, mais voyant à nouveau de la lumière et l’opportunité qui s’offrait à moi, j’ai postulé et ai été recrutée en tant que Responsable développement & innovation scientifique chez Axelys Santé (2 ans). Ce poste fut un tremplin à mon parcours qui m’a permis de développer un large champ de compétences : en Business développement, en RH, en stratégie d’entreprise et même en logistique. Cela a également été l’occasion de m’impliquer dans l’AFCRO (Association Française des CRO) notamment en co-créant un groupe de travail sur les métiers de la recherche clinique avec l’objectif double de 1 : informer les PhD sur les formations et métiers de la recherche clinique, 2 : faire connaitre les compétences/profils des docteurs aux industries Pharma. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion de participer à une table ronde sur les métiers de la recherche clinique et à des afterworks organisés par la MAASCC (service accompagnant les carrières des scientifiques de l’IP). 


Même si ce poste me convenait parfaitement, la microbiologie et tout particulièrement la recherche sur le microbiote intestinale, domaine que j’affectionne tout particulièrement, me manquait. Je communiquais et communique toujours régulièrement sur LinkedIN sur les avancées de la recherche sur le microbiote intestinale et c’est autour d’une discussion que j’ai rencontré le directeur de l’Unité MetaGenoPolisunité experte en analyse du microbiote intestinal

J'y ai vu l'opportunité, en première intention, de créer un lien avec cette unité d'excellence scientifique. Après quelques échanges, il m'a notifié qu'un poste de coordinateur de projets (PMO) allait s'ouvrir. Je saisis immédiatement l'occasion et j'occupe actuellement le poste de coordinatrice de projet. C'est pour moi un poste complet me permettant d'allier science et gestion de projet (gestion des deadlines et budget) et communication. C'est un poste stratégique, à l'interface  entre l'équipe, le partenaire et le projet dont le but est de faire en sorte que toutes les parties impliquées (coté partenaire comme interne) avancent de concert, avec un minimum d'incertitudes et de stress. Ce poste demande donc une grande capacité organisationnelle, puisque nous pouvons gérer plus de 50 projets en parallèle  au sein de MGP


je communique toujours régulièrement sur LinkedIN.... et c'est autour d'une discussion que j'ai rencontré le directeur de l'unité MGP

Que t’ont apporté tes années à l’IP ?

J’ai eu la chance d’intégrer une très bonne équipe de recherche avec un PI très ouvert et à l’écoute. L’IP est un Institut de renom, où un très grand nombre d’experts se regroupent sur un même site. On dit souvent que l’IP est une grande famille, et de mon expérience, je ne pense pas que ce soit exagéré. Préférant discuter plutôt que de chercher des heures entières sur PubMed, j’ai eu l’occasion d’interagir avec de nombreuses personnes qui ont toutes été extrêmement bienveillantes, à l’écoute, pour trouver des solutions,« passe on va en parler ». Soit j’obtenais l’information directement, soit on me renvoyait vers une personne plus indiquée. Tout le monde se connait, il y règne un esprit de solidarité qui vous donne confiance, et de la bienveillance sans jugement. 

d'interagir avec de nombreuses personnes qui ont toutes été extremmenet bienveillantes , à l'écoute, pour trouver des solutions

C’est également à l’IP que je me suis fortement impliquée dans la StaPa. Je ne connaissais absolument pas l’association, mais un ami, François Vromman m’a fait entrevoir les possibilités que cela pouvait offrir en termes d’interaction sociale, mais aussi pour ma carrière, vision totalement abstraite à l’époque. Je l’ai suivi dans cette belle aventure en tant que trésorière pendant 3 ans en essayant d’être au maximum à l’écoute des étudiants. J’ai découvert l’envers du décor des autres labos et eu l’occasion d’organiser divers événements.

La vie étant faite d’opportunités, cela m’a permis de rencontrer Sarah Enouz, Alumni de l’IP et de participer avec elle pendant 3 ans à l’organisation du Forum Biotechno. Mes expériences en milieu associatif m’ont énormément apporté, tant d’un point de vue interaction sociale, mais m’ont également permis de m’ouvrir à de nouveaux horizons, d’autres visions.  

Mes expériences en milieu associatif m'ont énormément apporté

Des conseils pour les Alumni ?

C’est un exercice qui n’est pas toujours évident à faire, mais il est nécessaire d’extraire les compétences que vous avez acquise durant votre doctorat. Nous mettons souvent de côté la capacité rédactionnelle, alors que peu de personnes peuvent se targuer d’avoir écrit un pavé de 300 pages ! L’esprit de synthèse est également une compétence du doctorat et c’est une valeur ajoutée très recherchée dans le monde de l’entreprise. L’important est de toujours valoriser vos expériences, le tout est d’être imaginatif, pour trouver sous quel angle le présenter.  

Nous avons tous le même profil, sommes tous issus de la même université, les mêmes compétences scientifiques… La seule façon de se démarquer est donc de développer et valoriser des compétences transverses acquises avec les expériences extra professionnelles (même si c’est en pâtisserie) et surtout par sa personnalité.  


Importance du choix de son responsable. J’ai eu la chance dans mes expériences professionnelles, d’avoir un supérieur hiérarchique bienveillant qui m’a donné carte blanche et fait confiance. Un entretien d’embauche n’est pas unilatéral, si le courant ne passe pas avec votre futur encadrant, soyez prudent.

Importance du choix de son responsable... bienveillant qui m'a donné carte blanche et fait confiance

Pour mes compétences transverses, j’ai appris sur le tas et n’ai pas suivi de formations particulière, mais il faut savoir s’entourer de personnes compétentes. Déjà en thèse à l’IP, je me rapprochais d’expert du domaine ce qui m’a valu une petite note de mon directeur de thèse lors de ma soutenance : «  Chloé s’est baladée dans l’IP pendant 3 ans ». Mais force est de constater que cela m’a permis de débloquer de nombreux problèmes en un temps souvent record. 

j'ai appris sur le tas et n'ai pas suivi de formation particulière mais il faut savoir s'entourer de personnes compétentes


Ce n’est pas grave de ne pas savoir où l’on va au contraire, cela ouvre les portes et lève les freins aux opportunités. Il faut rester curieux, trouver de l’intérêt quel qu’il soit (professionnel, extraprofessionnel) dans chaque expérience. N’ayant pas peur de faire votre expérience, et même si vous considérez que vous faites fausse route, rien n’est irrévocable tant que vous arrivez à extraire de votre expérience les compétences acquises et que cela vous serve pour la suite. Le plus important est l’histoire que vous raconterez derrière vos expériences, avoir un trou dans son CV sans justification peut être mal vu car cela amène à penser à un manque de curiosité et de dynamisme.


Pendant la période de réflexion sur son avenir, je conseillerai d’aller dans les forums d’informations tels que Biotechno, LEEM et d’aller voir les gens, discuter et recueillir leur vision et de ne surtout pas sous-estimer votre réseau/ connaissance, quel qu’il soit, ils sont à eux seuls une mine d’information ! 

Il faut rester curieux, trouver de l'intérêt quel qu'il soit ( professionnel,    extraprofessionnel ) dans chaque expérience

et n’oubliez pas d’être attentif aux lumières !


Propos recueillis par Claire-Angélique Renard PhD



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